samedi 26 octobre 2013

Les soeurs Grimm, tome 1: Détectives de contes de fées - Michael Buckley


The faity-tale Detectives (The sisters Grimm #1), Amulet Books, 2005 - Éditions Pocket Jeunesse, 2007 - Éditions France-Loisirs, 2009.

  Pour Daphné et Sabrina Grimm, la vie n'a pas toujours été un conte de fées. Après la mystérieuse disparition de leurs parents, les deux sœurs sont récupérées par les services sociaux, qui les envoient dans plusieurs familles d'accueil où elles servent de bonnes jusqu'à ce que leur grand-mère, qu'elles croyaient morte depuis longtemps, les réclame. Elles ne sont pas au bout de leurs surprises. L'étonnante Mamie Relda leur annonce qu'elles sont les descendantes des fameux Jacob et Wilhelm Grimm (les frères Grimm) et qu'elles sont chargées d'une mission : maintenir la paix entre les humains et les créatures féériques, appelés les  "Findétemps". Daphné et Sabrina ont à peine le temps de se remettre de leurs émotions, que, déjà, leur première aventure commence : elles sont chargées de protéger la ville d'un Géant sorti de nulle-part.



  Voilà un roman jeunesse lu il y a maintenant 4 ans environ, mais que j'ai trouvé amusant de ressortir en ces périodes d'Halloween approchantes, tant l'atmosphère automnale et féérique s'y prête! Comme vous l'aurez compris à son titre évocateur, ce livre a pour thème un sujet qui m'est particulièrement cher : Les contes de fées! Lorsqu'il est paru en langue française en 2007, il m'a de suite fait de l’œil, car reconnaissons que l'éditeur français a mis le paquet côté esthétique : un format original, un papier de qualité, une couverture en dur et en dorures avec une image centrale laquée qui semble sortir du cartonnage rouge-orangé patiné... le tout a des allures de petit roman classique à l'ancienne, relié façon grimoire ou vieux missel. Bref, l'amoureux des couvertures que je suis ne pouvait que le vouloir!

  Passons ce premier aperçu et attaquons nous à l'histoire: Nous faisons connaissance avec deux sœurs américaines de 8 et 10 ans, orphelines baladées de familles d'accueil en familles d’accueil et auxquelles ont retrouve brusquement une grand-mère paternelle, Relda Grimm, qu'elles avaient toujours crue décédée! Chose étrange, la vieille dame vit recluse à Port-Ferries, petite bourgade longeant les bord de l'Hudson, au coeur d'une contrée sauvage et inconnue de tous d'où elle dit ne pas pouvoir sortir. Daphné et Sabrina sont donc envoyées sur place et font la connaissance de leur aïeule, sympathique et fantaisiste petite bonne femme aux manies étranges. Accompagnée de son majordome, le froid et impeccable (mais bizarrement lunatique) Mr Canis, Mamie Relda les accueille dans sa petite maison biscornue aux abords d'une sombre forêt... aussi sombre que mystérieuse. Mais la maison et la ville toute entière sont tout aussi étranges: des pièces leur sont interdites, les livres de la bibliothèque ne traitent que de contes et de créatures imaginaires, sans parler des habitants, les Findétemps, tous aussi extravagants les uns que les autres. Très vite, les deux sœurs sont confrontées à l'incroyable vérité : elles sont les descendantes des Frères Grimm qui, plus que des auteurs de contes, étaient en fait de vrais aventuriers dont les ouvrages relatent en réalité des faits historiques! Si cela semble difficile à croire (surtout pour Sabrina, l'ainée au caractère bien trempé), l'évidence est là : tous les habitants de Port-Ferries sont ces mêmes personnages de contes de fées qu'on leur lisait avant de s'endormir! Blanche-Neige est l'institutrice de la ville, Le maire n'est autre que le prince Charmant, sans parler des trois petit cochons, devenus agents de police sous forme humaine! Mais la ville est victime depuis plusieurs siècle d'une sombre malédiction qui a arrêté le temps pour tous ces personnages. Condamnés à vivre éternellement, ils ne peuvent franchir les limites de la ville tandis que les générations de la famille Grimm continuent de s'enchaîner et de se suivre, chargées de maintenir la paix et l'ordre au sein de cet univers. Héritières de cette vocation familiale de "détectives de contes de fées", Daphné et Sabrina sont donc formées par Mamie Relda et se lancent bientôt dans leur première enquête : alors que les haricots magiques avaient été interdits de culture, voilà qu'il en pousse de partout, livrant ainsi un accès à la terre ferme aux géants sanguinaires venus des nuages! D'où viennent ces haricots dont la variété a pourtant été éradiquée? Et qui s'acharne ainsi à les planter pour semer le trouble à Port-Ferries? Les objets magiques issus de l'univers des contes tels que le miroir parlant, les souliers de Dorothée ou encore les potions du Pays des Merveilles ne seront pas de trop pour mener cette aventure!

" De la petite ville à l'horizon, on voyait surtout des collines et des arbres, le long de l'Hudson, une rivière froide et grise. Des bâtiments en grès brun, tassés les uns contre les autres, bordaient la seule et unique rue de Port-Ferries. Au-delà, la forêt s'étendait à perte de vue".

Port-Ferries?

  Que puis-je vous dire du premier tome de cette série? Car oui, il s'agit bien d'une série, qui compte désormais neuf opus dont six traduits en Français, tous acclamés par la critique outre-Atlantique et anoblis de plusieurs prix de littérature enfantine ; Par ailleurs, The Sisters Grimm a été reconnue New York Times best seller, rien que ça! Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié ce premier livre de la collection. Tout d'abord, j'ai été conquis, comme je le disais plus haut, par l'esthétique de l'ouvrage et notamment les illustrations de Peter Ferguson. Les planches intérieures au crayons sont de charmantes esquisses, d'une grande finesse mais empruntes d'une évidente fantaisie, le tout étant au croisement de l'univers graphique de Brett Elquist pour Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire et le style visuel d'une production des studios Disney.

 Quelques planches intérieures...

  La trame, si elle nous propose une intrigue centrée sur les éléments principaux de Jack et le Haricot Magique, laisse une grande place aux personnages et symboles issus des autres contes de fées et il est tordant de croiser ça et là des hautes figures de contes traditionnels sous un jour nouveau et décalé : Blanche-Neige en institutrice, Charmant en maire, Puck le lutin (échappé de chez Shakespeare!) en gamin sale et insupportable... D'autant plus que les postes et rôles qu'ils occupent désormais au sein de ce petit microcosme contemporain qu'est Port-Ferries sont toujours pensés selon le personnage féérique qu'ils ont été, et surtout délicieusement tournés en dérision. En effet, M.Buckley s'amuse avec ses personnages, ici bien loin du portrait élogieux et lisse de nos souvenirs d'enfance nourris aux long-métrages de chez Disney. Sans les ridiculiser ou les parodier à l'extrême, il sait pimenter leurs traits de caractères de détails et de notes ironiques ou humoristiques qui ne peuvent qu'amuser le jeune lecteur (ou le moins jeune, comme moi =P). Ainsi, il n'y a qu'un seul prince charmant pour toutes les princesses de contes de fées : Le fameux Mr Charmant devenu maire de port-ferries, un Dom-Juan imbus de lui-même, bodybuildé à bloc, ciré comme une ratte et inconstant en amour par-dessus le marché (le bourreau des coeurs, en tant qu'unique chevalier servant de ses dames, passe de Blanche-Neige à Cendrillon et de Cendrillon à la Belle au Bois Dormant pour mieux les tromper toutes ensembles depuis que le monde est monde et que le temps s'est arrêté!).

  Au sein de cet univers animé d'un fantasque désordre évoluent des personnages principaux sympathiques: les deux héroïnes sont attachantes de par des personnalités antagonistes (Sabrina l'aînée revêche et Daphné la cadette douce et candide) qui pimentent le scénario et les multiples rebondissements. Oeil protecteur des deux jeunes filles, leur grand-mère Relda est parfaite en mamie gâteau pleine de tendresse, de malice, mais aussi de force et de courage de par sa vie d'aventurière face au monde dangereux de Port-Ferries et de ses créatures! Inspirée de la véritable grand-mère de l'auteur, Relda me faisait beaucoup pensé à la grand-mère de Bruno dans Sacrées Sorcières, de Roald Dahl : cette vieille femme pleine de douceur et à l'apparence fragile qui se révèle en fait une ancienne chasseuse de sorcière prête à passer le flambeau et à enseigner cette mission à son petit fils! Mamie Relda a elle seule instaure une atmosphère traditionnelle et chaleureuse à l'histoire, de même que sa petite maison en lisière de bois semble être un personnage à part entière aussi bien qu'un nid douillet et sécurisant. On imagine sans peine cette petite bourgade renfermée sur elle-même, la forêt dense et dorée des couleurs d'automne, les feuilles mortes qui étalent un tapis humide sur l'unique rue de Port-Ferrries et de ses petits commerces défraichis... (Pensez au décors du film Hocus Pocus de Disney!) Un cadre en apparence inoffensif mais tellement approprié pour une aventure magique!

  En bref: Un roman inaugural tout à fait dans la veine de ce qui plait actuellement avec la mode des contes de fées sur le retour. Des personnages drôles et attachants et une aventure pleine de clins d’œil qui saura captiver les jeunes lecteurs passionnés d'univers féériques!


Pour aller plus loin:
-Le site officiel des Sœur Grimm.
-Le site officiel de l'illustrateur Peter Ferguson.

7 commentaires:

  1. Ce livre me tente vraiment, surtout en cette période de l'année ! :)
    Mais ça ressemble un peu à Once upon a time non ? Et aussi à la série Grimm, je ne sais pas si tu connais, mais le héros est un descendant des frères Grimm qui est le seul à voir les méchants des contes de fées, qui en fait vivent cachés au milieu des humains ^^
    En tout cas merci pour tous ces livres sympas que tu nous fais sans cesse découvrir, j'aime beaucoup leur style un peu rétro et enfantin =)

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    1. Coucou Jill! Pour répondre à ta question, ça fait effectivement penser à Once Upon a Time et à la série Grimm, si ce n'est que "Les soeurs Grimm" est paru 5 ans avant la création de ces deux séries télé! Lorsqu'elles ont été diffusées, les télespectateurs ont de suite fait le rapprochement et il semble que "les soeurs grimm", bien qu'étant une collection pour les enfants, ait vraiment inspiré les réalisateurs de ces deux fictions pour la télévision!
      Je suis content que les livres dont je parle fasse envie: si je réussis à transmettre le plaisir qu'ils ont provoqué chez moi, le tour est joué! =D Merci à toi et bises d'Halloween! ;)

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  2. Ce qui est particulièrement plaisant à la première approche, vous l'avez dit, c'est l'aspect des livres de cette série ! J'adore le style ancien et soigné de cette série. En ce qui concerne le mélange des contes, je ne peux que conseiller le très bon "un conte peut en cacher un autre" de R Dahl que vous mentionnez également. Un côté parfaitement décalé et loufoque !
    Merci pour ces judicieux conseils de lecture et pour cette belle interface.

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    1. Dans le même style esthétique, il y a aussi les "chronique de spiderwick" et en mieux: le papier est encore plus vieilli et les pages sont découpée de façon irrégulières, à l'ancienne! =D un délice à manipuler =)
      J'adore les contes revus et corrigés par Roald Dahl, un vrai régal!
      Merci pour ces compliments, je suis content que "books tea pie" soit un blog où les internaute aime flaner et piocher des idées de lectures! =D

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  3. Olala, j'ai honte, celui-ci aussi est dans ma PAL et je l'avais oublié... Il faut que je l'en sorte. Ca me tente beaucoup. Je vais également lire très bientôt "Le Pays des contes" de Chris Colfer et j'ai reçu, ce matin, de charmants coffrets sur les contes commandés il y a quelque temps. De belles heures de lecture m'attendent...

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    1. Je suis archi jalouuuuuuuuux: je veux "le pays des contes" de C.Colfer, je bave dessus depuis un mois au moins, sachant que j'attends la sortie depuis qu'il en a parlé l'an dernier alors que ce n'était qu'un manuscrit pas encore publié! tu nous donneras ton avis, hein, dis?! =D

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  4. "Empreinte" de, et non "emprunte", et "imbu" de lui-même, et non "imbus", mais l'article est charmant. Sinon je voulais vous demander le sens de l'expression "ciré comme une ratte", qui n'apparaît qu'ici et dans un commentaire sur les bistrots. "Ciré" au sens gominé ? Et "ratte" de la pomme de terre ou l'animal ? Ivre ou pommadé, du coup ? Merci d'avance.

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