dimanche 20 août 2017

Phryne et les anarchistes (Les folles enquêtes de Phryne Fisher #4) - Kerry Greenwood

Death at Victoria dock (Phryne Fisher #4), Poisoned Pen Press, 1992 - Editions 10/18 , éditions De La Loupe, (trad. de P.Haas), 2007.

  Lorsqu’un soir de pluie sur les docks de Melbourne, un beau jeune homme blond meurt dans ses bras, l’intrépide détective Phryne Fisher ne peut se résoudre à laisser cette affaire aux mains de la police locale, un peu trop nonchalante à son goût. Pour tout indice, un tatouage du symbole anarchiste et le nom d’une ville lointaine : Riga. Il n’en faut pas plus à la téméraire jeune femme pour plonger, arme au poing, dans l’univers opaque et violent des anarchistes russes qui, pendant ces tumultueuses années vingt, font la Révolution en plein coeur du continent australien ! Toujours élégante et toujours survoltée, aussi à l’aise dans les salons mondains que dans les bouges malfamés, la plus glamour des détectives devra affronter bien des épreuves pour sortir indemne de cette ténébreuse affaire...

***

 Et revoilà notre fabuleuse Miss Fisher! Après un troisième tome un peu trop convenu, l'appelle des Années Folles s'est avéré le plus fort. Je me suis laissé convaincre une fois encore par la couverture et sa silhouette de flapper très Art-Déco pour suivre la détective la plus connue du Melbourne des années 20 dans sa nouvelle enquête.


"Vous savez ce que je pense des beaux garçons : étant donné qu'ils ne sont pas nombreux de par le monde, on ne peut pas se permettre de les laisser supprimer sans raison"
Pryne Fisher.

  Et comme souvent dans cette série, Kerry Greenwood lance son héroïne dans deux enquêtes parallèles, ce qui n'avait pas toujours fonctionné dans les tomes précédents : l'une paraissait toujours moins développée ou trop vite expédiée, quand elle ne témoignait pas d'un total manque d'intérêt. Cette fois, les deux intrigues menées par l'Honorable Miss Fisher sont d'égale qualité bien que se situant chacune dans des milieux très éloignés l'un de l'autre : Une affaire menée dans les cercles communistes d'une part, et l'enlèvement de la fille d'un riche industriel de l'autre. On alterne ainsi entre le contexte socio-politique d'après guerre animé de coups d'état anarchistes  -une reconstitution historique de qualité!- et la sphère domestique de la vieille bourgeoisie -dont les mœurs s'avèrent gangrenées jusqu'au trognon (Et oui,  Tout se perd, ma bonne dame!). Si la première enquête, assez sombre, nous emmène dans les repères les plus inquiétants du Melbourne des révolutionnaires et la seconde jusqu'à un asile assez effrayant, Kerry Greenwood n'oublie jamais de glisser çà et là quelques notes de légèreté. On assistera ainsi à une séance de spiritisme slave réservant quelques surprises (même pour Phryne) et on rencontrera une religieuse qui s'avèrera pleine d'humour (avec un penchant pour la citronnade allongée au gin).

Victoria Dock, le port de Melbourne dans les années 1920, là où commence notre histoire...

"Face à la méfiance, seule l'audace paye."

  Ce quatrième opus gagne en maturité sans perdre de sa fougue habituelle : K.Greenwood arrête de porter son héroïne aux nues toutes les deux lignes et laisse le lecteur se faire sa propre opinion en suggérant un peu plus subtilement l'admiration qu'elle veut susciter. Ce ne sera pas difficile : la Belle est toujours aussi merveilleuse et on s'imagine sans peine son joli visage encadré d'un carré à la Louise Brooks sur une silhouette drapée de Chanel tandis qu'elle traque les malfrats, armée d'un beretta et de ses seuls talons aiguilles. Ah, le pouvoir du romanesque! On retrouve aussi les personnages secondaires récurrents avec plaisir, un peu comme une drôle de petite famille, exactement ce qu'est le groupe de proches qu'a réuni Phryne sous le toit de sa villa : de ses deux pupilles au potentiel de détective à sa femme de chambre Dot, sans oublier les Butler (majordome et cuisinière) ou encore Cec et Burt, ses deux hommes de main. On fait également connaissance avec l'agent Hugh Collins, qui est loin de laissé Dot indifférente et qui deviendra un personnage principal de l'adaptation des romans en série télévisée.


En bref: Un quatrième opus réussi des enquêtes de Miss Fisher, garçonne détective émancipée dans le Melbourne des années 1920. Le caractère extraordinaire de son héroïne trouve à s'équilibrer dans cette histoire avec une intrigue historique et politique de qualité qui recontextualise très bien les tensions révolutionnaires de l'entre deux guerres.



 Et pour aller plus loin :


 - Découvrez toute la série de Kerry Greenwood...
   -Le tome 1 Cocaïne et tralala, le tome 2 Trafic de Haut vol, le tome 3 Un train pour Ballarat et les chroniques à venir des opus suivants...

- Pour vous immerger dans le monde de Miss Fisher, allez donc jeter un œil au site officiel et à ce blog de fan ô combien passionnant.

- Pour poursuivre l'aventure à l'écran, plongez vous sans attendre dans l'adaptation en série télévisée, Miss Fisher enquête! L'épisode 4 de la saison 1, "Du sang sur les Docks", est directement adapté de ce tome.

2 commentaires:

  1. J'aimais beaucoup regarder la série mais n'ai jamais rien lu... Un jour... :-)

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    1. J'adore la série ! L'univers visuel et musical m'occupe totalement l'esprit dès que je remets le nez dans l'un des romans.
      Il faudra que je fasse un article sur la série un jour, d'autant que la production vient de mettre en chantier un film et planche sur une série qui ferait office de prequel "Miss Fisher first mysteries" et qui se déroulerait au sortir de la première guerre mondiale...

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